La Voix du NordÂ
Deux frĂšres de 10 et 13 ans ont fait «comme dans un film porno »avec leur petite sĆur de 4ans pendant plusieurs mois. En l'apprenant, leur mĂšre leur a «donnĂ© une fessĂ©e »puis a laissĂ© faire. Ele Ă©tait jugĂ©e ce lundi par la 5e chambre correctionnelle de Lille.
Chantal David
| Publié le 11/12/2021
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Une mÚre de 37 ans était jugée lundi à Lille pour non dénonciation de crimes sur mineur. PHOTO Inventaire Hauts de France
 Elle est venue au tribunal sans avocat, et tout au long de son procÚs, M.A. (*) ne se défendra pas. C'est une femme de 37 ans d'origine guyanaise, avec une silhouette ronde et de longs cheveux finement tressés. Titulaire d'un CAP vente, elle a travaillé épisodiquement comme auxiliaire de vie. TrÚs vite, elle s'est retrouvée seule pour élever cinq enfants :deux filles (l'aßnée et al cadette), et trois garçons, dont B(*) ùgé de 10 ans au moment des faits en 2016, est déficient mental.
« Comme dans un film porno »
L'Ă©ducateur de B. va donner l'alerte en entendant le petit garçon se vanter auprĂšs d'un copain, de faire avec sa petite sĆur, « comme dans un film porno ». L'aĂźnĂ© alors ĂągĂ© de 13 ans «le fait aussi des fois »pour lui montrer comment faire, mais el plus souvent, li
filme les scĂšnes oĂč B. est acteur. B. prĂ©cise Ă son copain que parfois, la fillette de 4 ans pleure et se plaint d'avoir mal.
Une enquĂȘte se met en place oĂč l'on va dĂ©couvrir qu'un autre petit garçon de la fratrie,
alors ĂągĂ© de 6 ans, avait prĂ©venu leur mĂšre en lui disant que B. « a fait des trucs mal Ă©levĂ©s » Ă leur petite sĆur.
« Une sorte de déni au lieu de chercher de l'aide »
Ăla barre du tribunal, M.A. dit : « J'Ă©tais choquĂ©e en l'apprenant. Je les ai corrigĂ©s Ă ma façon mais je ne savais pas qu'on pouvait porter plainte contre ses enfants .» Ele a donnĂ© une fessĂ©e aux deux garçons incriminĂ©s et. Ă la petite sĆur. La prĂ©sidente
Karine Dosio peine à lui arracher les mots : « Pourquoi frappez-vous également votre petite fille qui est la victime ?» La mÚre pleure en silence : « B. m'avait dit que c'est elle
qui voulait »
Les agressions dont certaines sont des viols vont se poursuivre pendant neuf mois
La juge insiste : « Quand vous apprenez que l'Ă©ducateur a prĂ©venu la police, vous laissez vos enfants Ă votre mĂšre et votre frĂšre, et vous partez plusieurs semaines en Guyane. » MA. Ne rĂ©pond pas. La prĂ©sidente reprend : « vous saviez que câĂ©tait grave mais vous ne saviez pas comment faire ?.» M.A. hoche la tĂȘte.
En partie civile, Me Sonia Bernonville, avocate de ma fillette, relÚve les stigmates psychologiques d'une enfant qui se croit fautive : « cette fillette pense qu'elle a été placée en foyer parce qu'elle a commis une faute. ». Le frÚre aßné a été condamné par le tribunal pour enfants, le cadet ùgé de dix ans déclaré irresponsable. Mais eux sont restés à la maison.
La procureure ClĂ©mence Pavageau se lĂšve : « On aurait pu Ă©pargner Ă la fillette des mois de sĂ©vices si sa mĂšre avait alertĂ©. Elle a fait une sorte de dĂ©ni au lieu de chercher de l'aide. » Le tribunal suivra ses rĂ©quisitions.Â
M.A. est condamnée à six mois de prison avec sursis pour non-dénonciation de crimes, de mauvais traitements et d'agressions sexuelles infligés à un mineur.
 (*) L'anonymat préserve la victime et les auteurs mineurs.
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